FORUM SUR LES INDICATEURS STATISTIQUES DE SUIVI DE LA PAUVRETE
FISP - 2002

DISCOURS DU REPRESENTANT RESIDENT DU PNUD

4, 5 et 6 mai 2002

 

Monsieur le Ministre des Affaires Economiques et du Développement

Monsieur le Ministre de l’Education Nationale

Madame la Secrétaire d’Etat à la Condition Féminine

Monsieur le Commissaire aux Droits de l’Homme, à la lutte contre la Pauvreté

Et à l’Insertion

Monsieur le Directeur Général de l’ONS

Ce forum se propose d’instaurer une adéquation entre l'offre et la demande d'informations statistiques relatives à la lutte contre la pauvreté grâce à un dialogue entre producteurs et utilisateurs d’information dans ce domaine.

Un effort important a été fait au cours des mois passés pour définir avec précision des indicateurs permettant de suivre régulièrement les progrès accomplis par la lutte contre la pauvreté et pour mesurer périodiquement l’évolution du profil de pauvreté. Il s’agit maintenant de passer à l’étape suivante qui consiste à trouver un accord entre partenaires du système statistique sur les modes de calcul des indicateurs, sur la localisation institutionnelle de la production statistique, sur la circulation de l'information et sa diffusion, bref sur tout un ensemble d’aspects opérationnels de la production et de l’exploitation statistique.

Ce forum sera donc amené à faire le point sur l'ensemble des informations statistiques déjà disponibles pour le suivi de la pauvreté et la mise à jour du CSLP, puis à préciser comment seront collectées les données manquantes et qui en sera responsable, et à préciser quelles enquêtes, quelles  analyses ou quels travaux de recherche il faudra conduire pour répondre aux besoins. Au terme des travaux de ce forum on devrait donc connaître précisément ce que sera le programme de travail des années à venir pour la collecte et le traitement des données et tous les partenaires qui en seront responsables.

Il ne s’agit pas d’une tâche aisée, bien au contraire. Pourtant, nous sommes convaincus que la méthode choisie par les organisateurs pour y parvenir, et permettez-moi de les en féliciter, est une garantie de succès si elle est conduite avec détermination.

Cette méthode consiste d’abord à faire appel explicitement à la notion d’offre et de demande statistique, comme le prévoit d’ailleurs le Schéma Directeur de la Statistique adopté récemment par le Gouvernement. Cette notion de demande et d’offre statistique, qui pourrait apparaître trop mercantile à certains, est néanmoins essentielle pour définir un programme de travail statistique réaliste pour les partenaires de la lutte contre la pauvreté. En effet, nous savons tous que le statisticien laissé à lui-même serait amener à collecter le plus de données possibles par soucis d’exhaustivité et de rigueur, alors que la multitude de données qu’il est théoriquement possible de recueillir est telle  que les ressources humaines et financières disponibles ne sont jamais suffisantes pour les recueillir toutes, et donc que rien ne garantit que les données finalement collectées répondent aux besoins prioritaires d’information.

La méthode choisie par les organisateurs consiste donc d’abord à identifier précisément les données qu’il est possible de satisfaire et à quelles conditions. Elle consiste ensuite à adopter une démarche participative pour définir ces besoins, ce qui, dans le domaine de la statistique, est une démarche beaucoup plus innovante qu’il n’y paraît de prime à bord. En effet, c’est une démarche difficile, même si, nous en sommes convaincus, c’est la seule démarche permettant de définir les besoins et de trouver un compromis réaliste entre les besoins exprimés et une offre statistique limitée par les capacités actuelles du pays.

La démarche adoptée est donc excellente et elle devrait permettre d’instaurer cette adéquation entre offre et demande sans laquelle il ne serait pas possible d’assurer un suivi efficace de la pauvreté. La démarche adoptée constitue cependant pour les participants à ce forum un triple défi sur lequel, monsieur le Ministre, je voudrais dire quelques mots.

Le premier défi est qu’il faut définir une information statistique à collecter sur la pauvreté qui soit  fiable et pertinente, pouvant être périodiquement et rapidement produite et ceci à un coût abordable, ce qui est une contrainte majeure.

C’est un défi parce que l’adoption du cadre stratégique de lutte contre la pauvreté a fait apparaître de nouveaux besoins en informations statistiques qui requièrent un ajustement en profondeur du système statistique. Jusqu'à maintenant, la Mauritanie a su répondre en partie aux  besoins de la lutte contre la pauvreté à travers principalement la réalisation d'enquêtes comme par exemple l'EPCV, l'EDS et l'enquête qualitative sur la pauvreté, enquêtes qui ont permis de pallier le manque de statistiques administratives pertinentes.  Cependant, ces statistiques administratives sont indispensables pour que le système d'information sur la pauvreté puisse répondre aux exigences de régularité et de qualité du suivi de la mise en œuvre du cadre stratégique de lutte contre la pauvreté. Il faudra donc que chaque institution concernée par la collecte de données s’engage, et sans doute de façon contractuelle avec l’ONS, à produire les données retenues par ce forum et soit en mesure de respecter ses engagements.

Le second défi est d’ajuster le  système d'information sur la pauvreté pour qu’il permette à la Mauritanie de faire face aux engagements internationaux qu’elle a pris en signant la Déclaration dite du Millénaire. Cette Déclaration a été adoptée, comme vous le savez, le 8 septembre 2000 par l'Assemblée Générale des Nations Unies, réunie au niveau des Chefs d'Etat et en présence du Premier ministre de la Mauritanie. Elle énumère 8 objectifs et 18 objectifs précis à atteindre à l’horizon 2015 pour réduire la pauvreté dans le monde. Ces objectifs, qui sont connus sous leur acronyme anglais, les MDG, ont été adoptés par 191 pays ainsi que par l’ensemble du Système des nations Unies et des autres  agences multilatérales de développement. Or, pour donner corps à cet engagement, la communauté internationale a convenu de se rencontrer périodiquement pour mesurer les  progrès accomplis par chaque pays au regard de ces objectifs. Il est donc important que la Mauritanie puisse elle-même faire rapport sur ces progrès, ce qui va nécessiter quelques ajustements et surtout quelques compléments aux indicateurs qui avaient été retenus avant l’adoption de la Déclaration du Millénaire.

Comme le PNUD a été désigné par la communauté internationale pour faire le point chaque année devant le sommet des huit pays les plus industrialisés du monde, le G8, et devant les instances dirigeantes de l'ONU, nous apporterons tout le soutien qui est à notre portée pour que la Mauritanie puisse tenir cet engagement et montre ainsi à la communauté internationale et à celle des donateurs qu’elle a pris les mesures adéquates pour lutter efficacement contre la pauvreté et mesurer les progrès accomplis. D’ores et déjà, nous avons d’ailleurs initié des démarches pour que la Mauritanie soit intégrée dans un projet régional que le PNUD s'apprête à lancer en coopération avec AFRISTAT pour aider les pays de la sous région à tenir leur engagement de faire rapport régulièrement sur la réalisation des objectifs du Millénaire.

Le troisième défi auquel vous allez être confronté et qui va dépasser le cadre de ce Forum, est d’arrimer le système d’information que vous allez concevoir, à un système de suivi et d’évaluation de la pauvreté qui intègre l’ensemble des partenaires de la lutte contre la pauvreté. C’est un défi car les contours d’un tel système sont encore à préciser alors qu’il est essentiel d’en disposer pour que chaque partenaire soit en mesure d’utiliser les résultats des analyses statistiques pour ses propres processus de décision, ce qui bien entendu est l’objectif ultime de la collecte d’information.

Monsieur le Ministre, nous sommes donc à la fois extrêmement satisfaits des progrès accomplis et des dispositions qui sont prises par la Mauritanie pour se doter d’un système d’information lui permettant d’être à la hauteur de ses ambitions et de ses engagements internationaux, mais, en même temps, nous sommes parfaitement conscients des difficultés qui l’attendent dans cette phase opérationnelle qui démarre avec ce forum. Nous sommes tout à fait convaincus que la Mauritanie aura besoin au cours de cette phase opérationnelle de l’appui de l’ensemble de ses partenaires extérieurs pour relever les défis qui l’attendent. Je voudrais donc vous assurer que pour notre part nous ferons ce qui est à notre portée pour l’aider dans ce sens.

 

Je vous remercie.